Article proposé par Guillaume PAPIN.

Relativement jeune dans le domaine de l’urbanisme, et plus généralement de l’aménagement du territoire, le Plan Local d’Urbanisme reste encore mal connu de ceux à qui il est destiné. Cet état de fait a été conforté par l’arrivée d’une multitude de lois structurantes ces dernières années (Loi ALUR, Loi Macron, Loi Avenir, Loi Pinel…) à en faire perdre leur latin aux juristes.

Pour le profane de l’urbanisme, arriver à comprendre les tenants et les aboutissants d’un diagnostic, d’un PADD ou d’une OAP, devient donc un réel défi. Par conséquent, il est légitime qu’il appelle de ses vœux à une meilleure compréhension de ces documents et de leur impact sur sa vie présente et future. C’est ici qu’intervient le « PLU 3.0

[1] ». Derrière ce vocable informatique se cache, pour l’administré et l’élu, la garantie d’un plus grand entendement des règles d’urbanisme, d’une lecture facilitée du territoire et de pouvoir enfin saisir entièrement les enjeux qui y sont liés.

Avec la révolution numérique et l’arrivée en masse d’Internet dans les administrations, entreprises et chez les particuliers, le format « 2.0 » permettait d’ores et déjà de travailler à plusieurs, d’intégrer des liens dynamiques vers des pages Internet, voire des vidéos, de la réalisation 3D, etc.

Le PLU 3.0 reprend les ambitions et standards du document 2.0 mais y intègre une «  surcouche », à savoir l’autonomie. Le document n’est plus un vecteur d’information figé et scénarisé, canalisant le lecteur à une et unique lecture. Ainsi, par exemple pour la réalisation du diagnostic territorial, le lecteur, devenu utilisateur, peut naviguer à l’intérieur du document comme bon lui semble ; il peut composer ses corrélations et synthèses, construire la connaissance de son territoire. Pour les plus aventuriers, grâce à la mise à disposition d’outils et de bases de données, les citoyens s’approprient leur futur document d’urbanisme. Ils ont la possibilité de croiser les données de la consommation foncière des dix dernières années avec l’évolution du profil de la population de leur commune et des typologies bâties qui s’y sont développées. Grâce aux « big data[2] », croiser les modes d’habitat avec les besoins en déplacements, les problématiques d’eaux pluviales ou des émissions thermiques des habitations du secteur devient chose facile.

Prospective en temps réel…

D’autre part, pour le règlement d’urbanisme, à la manière de ce qui est développé en Ile-de-France avec l’e-PLU, le PLU 3.0 donne à voir en temps réel les nouveaux droits à construire en fonction des coefficients d’emprise au sol, des prospects, etc. définis par les élus, le tout d’une manière intuitive et autonome. L’outil permet d’anticiper à court et moyen terme le devenir d’un quartier, le besoin en équipements, en stationnement, le dessin de formes urbaines, etc.

Vidéo e-plu

Ce génie de la statistique et des big data pose les bases du PLU 3.0 et est conçu pour conseiller au mieux, et au plus juste les élus  afin de construire un projet de territoire porteur de solutions et d’une vision novatrice sur leur commune.

Citadia, grâce à son analyse de plusieurs centaines de communes depuis sa création, peut enfin valoriser des données agrégées et génère, de manière automatisée et instantanée, des indicateurs pour comparer des territoires et en sortir les tendanciels forts.

Nouvelles pratiques polymorphes

Le PLU 3.0 est donc un document polymorphe. En effet, selon son moyen de diffusion il n’intégrera pas les mêmes média, mais ne doit pas perdre en contenu.

  • Faudra-t-il pour autant oublier la vidéo, les données interactives ou les animations 3D sur un document papier ? Que nenni, des glyphes et autres QR-codes permettent au lecteur d’interagir avec son document et d’approfondir sa connaissance ; une photo se transforme ainsi en vidéo une fois scannée par le smartphone.
  • Les données seront elles incompréhensibles ou accessibles seulement pour les plus « geeks » sur une plateforme de cloud-computing nichée dans la webosphère californienne et délaissant le quidam ? Certainement pas : avec la télévision connectée ou les sites Internet de diffusion, rien de plus facile que de partager et vulgariser des données et actions sur sa commune au sein d’un site dédié au PLU.
  • Un doute quant à la plateforme web ? Des formats XML ou PDF permettent d’héberger et mettre en forme quantités de données en local, qui pourront être appelées en temps voulu par le lecteur/utilisateur disposant du PLU sur clé USB.

Le PLU 3.0 relève donc d’une ambition certaine et nécessitera un développement considérable. De fait, il impliquera des changements dans les pratiques professionnelles actuelles et devra réussir à se passer des principes empiriques qui sclérosent actuellement des documents d’urbanisme parfois peu explicites. Aussi, même si le chemin semble long vers un PLU 3.0 mature, il n’en reste pas moins passionnant et motivant pour nos équipes qui y travaillent déjà.

[1] À ne pas confondre avec le PLU 3D : http://www.citadiavision.com/2015/07/la-3d-au-coeur-du-projet-urbain-mais-pour-quoi-faire/

[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Big_data