Article rédigé par Elodie Fabiano.

La « Cité Radieuse », classée monument historique en 1995, a brûlé jeudi 9 février 2012.

Bilan : 8 appartements et 4 chambres de l’hôtel détruits et des personnes hospitalisées pour cause d’intoxication.

Construite entre 1947 et 1951 par Charles Edouard Jeannenet, dit Le Corbusier, elle est connue sous le nom de la « maison du fada » pour les marseillais.

1 500 habitants, 337 appartements9 étages, 56 mètres de haut,
165 mètres de long17 portiques, 50 000 tonnes de béton

Ce bâtiment est le symbole d’un urbanisme et d’une architecture passés (années 50), mais pas révolus. Construite comme une ville à part entière, Le Corbusier bouleverse les mœurs et les modes d’habiter, en imaginant une « unité d’habitation » qui regroupe toutes les fonctions premières nécessaires et adaptées au besoin de l’être humain. Ce bâtiment a été construit dans l’idée d’être entièrement autonome. Ainsi, la Cité Radieuse accueille commerces, services et équipements publics au sein même de son unité bâtie, tout pour vivre, habiter, se cultiver, se divertir, et se récréer. Il s’agit, pour l’époque, d’une nouvelle conception urbaine aussi bien dans la morphologie du bâti que dans l’organisation spatiale basée autour des concepts : de luminosité (appartements transversant procurant une double orientation) et d’espace.

Très souvent critiquée, la cité radieuse ne fait pas l’unanimité. En effet, deux visions s’opposent : un patrimoine architectural né d’une utopie et l’assimilation du « bâtiment » à l’image négative des « cités ». En effet, imposante, abrupt, atypique, la Cité Radieuse impressionne et se prête à de nombreuses controverses.

Le Corbusier disait : « Tout art qui cesse d’être de son époque, meurt. » Avait-il raison ? Avait-il tort ? La question est entière. L’art est LE concept subjectif et en cela source d’interactions et d’échanges, qu’il soit compris ou pas. En l’occurrence, l’innovation des années 50 est très (trop ?) rapidement devenue du patrimoine. L’alternatif, le révolutionnaire, a été happé par la norme et ses catalogues. La Cité Radieuse demeure le symbole d’une conception nouvelle, d’un homme dont le génie est source de création et d’inspiration.

Le passé, surtout si récent et vivace, ne doit pas devenir histoire, tant qu’il résonne dans l’époque. « La Cité Radieuse est une des rares utopies urbanistiques mises en œuvre et qui fonctionne encore aujourd’hui. » (La Grette)

L’événement du 9 février nous invite à revisiter ce concept incarné, à débattre à nouveau sur les réponses qu’il apporte à des problématiques si actuelles (densité, diversité, mixité), plutôt qu’à larmoyer sur « chef d’œuvre en péril ».

Elodie Fabiano