Fin février, s’est tenue à Châlons-en-Champagne une expérience urbaine unique en son genre, proposée et orchestrée par CITADIA, soutenue par la Ville et dynamisée par 12 équipes d’étudiants venues des formations françaises les plus renommées en matière d’urbanisme : le premier hackathon urbain.

Le sujet ? Réinventer le centre-ville en 24h : faire des propositions de toutes natures, innovantes, inventives et ambitieuses qui vont venir « augmenter » une étude urbaine nécessairement décalée au service d’un projet politique volontaire. Retour sur l’événement.

 

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Genèse…

Le ton avait été donné à l’automne : pour repenser et « réinventer » son centre-ville, le maire de Châlons-en-Champagne -Benoist Apparu- et ses équipes désiraient un regard neuf, à 360°, une étude « coup de poing », pour un plan d’action offensif et opérationnel. Julien Meyrignac développe une méthode originale et mobilise une équipe ad hoc : Citadia Conseil pour le diagnostic expert (avec le concours de BG 21 pour les mobilités et Merc/at pour l’économie urbaine) et Aire Publique pour un exercice de concertation ouverte (avec le concours de Pop-Up Urbain pour les tendances urbaines).

Le diagnostic sort des sentiers battus, interpelle avec de premières réflexions audacieuses et il est soumis sans filtre aux « prismes du réel » : une concertation publique sur mesure visant à le confronter aux réalités des habitants. Trois problématiques sont choisies :

  • le commerce, ce sera un jeu de piste commercial : Let’s Shop Châlons !
  • les mobilités, une dérive urbaine : Let’s Move Châlons !
  • le logement, un couchsurfing : Let’s Live Châlons !

Les citoyens participants sont conquis, la Ville apprécie et Citadia recueille une matière féconde à exploiter.

A ces actions riches en expertises du terrain et du quotidien (« bottom-up »), succède une action de pure créativité (« top-down ») quand 60 étudiants de toute la France (architectes, urbanistes, paysagistes, designers…) prennent d’assaut le centre-ville pour le détourner ou le transformer : Let’s rule Châlons ! Le Hackathon est en marche.

 

Quand le fait urbain devient viral

Aire Publique, en charge de l’organisation complète de l’évènement, crée le buzz sur la toile : étudiants (associations, BDE…), professeurs, groupes Facebook, Twitter, relations presse… L’annonce de l’événement se répand et des candidats issus des meilleures formations[1] s’engagent à répondre à un challenge inédit : offrir un autre regard sur le potentiel d’usage et de ré-enchantement de ce centre-ville et détourner les méthodes usuelles de production des projets urbains.

Sur le site dédié à l’événement (www.reinventerchalons.com), les inscriptions se bousculent. Le Maire de Châlons-en-Champagne, décide, devant le succès de l’événement – plus de 100 candidatures-  de retenir 12 équipes contre 5 prévues à l’origine.

Les équipes ont 24 heures pour pirater – hack(athon) – le centre-ville, en format marathon – (hack)athon – Une nuit entière à réfléchir pour faire émerger les meilleures solutions en termes d’aménagement urbain, de paysage, d’évènement, de communication.

Vendredi 26 février 2016, 13h, c’est le jour J et l’heure H. A l’heure du top-départ, Benoist Apparu ne donne qu’une seule consigne aux concurrents : « Trouvez l’équilibre entre le délire et le possible ! ».

 

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Le marathon est lancé par Kevin Guerel (Aire Publique) qui tiendra de main de maître une organisation parfaite. Les élèves prennent connaissance du diagnostic réalisé par Citadia et ses partenaires. Les premières pistes de réflexions prennent corps : schémas, clichés, rencontres, esquisses et débats s’installent. Les méthodes sont très différentes mais le sérieux et la motivation sont communs.

 

16h. Les salles de l’ENSAM se vident peu à peu. Les participants sortent les appareils photos, les blocs-notes et les dictaphones : ils investissent le centre-ville, suscitant le regard amusé et la curiosité des Châlonnais qu’ils interrogent. Certains sont venus les rencontrer en ayant pris connaissance de l’événement dans la presse. Rue de Marne, Les Jards, Place du Marché aux Fleurs, Rue Saint-Dominique… Les participants vont à la rencontre du territoire, au contact des citoyens. Détourner la ville implique de bien la comprendre.

 

18h30. La nuit est tombée et la fraicheur hivernale installée. Ils ont vu, ils ont ressenti Châlons : les participants recadrent leurs premières pistes ressenties à la lecture du diagnostic.

La lumière blanche des néons inonde les salles de l’ENSAM. Les premiers coups de crayon ou de stylet sont portés sur des vues aériennes et des photos. Les schémas se réorganisent, les premières idées prennent forme. Julien Meyrignac, Claire Berthet et Quentin Roux (CITADIA), Philippe Gargov (Pop Up Urbain), Laïla Jrondi, Isaline Terebesz, Grégoire Saussus, de la Ville passent de salle en salle pour guider les candidats et répondre à leurs questions.

 

20h30. Des premiers doutent s’installent : « on est hors sujet », « ça ne tient pas la route », « on n’est pas d’accord », alors qu’il est désormais temps de passer à la phase 2 : mettre son projet sur le papier et le développer.

 

Samedi 27, 00h. L’effervescence est palpable et certaines pistes d’élèves interrogent les animateurs qui débattent : « Comment faire de Châlons une ville collaborative ? ». Chacun alimente l’analyse de l’autre : le moment est fort et chacun mesure son importance.

 

4h du matin. Le cocktail explosif de fatigue mêlée au stress fait effet. Des groupes décident de réfléchir séparément à leurs projets. Certains occupent l’espace de repos mis à disposition pour dormir quelques minutes. D’autres s’asseyent dans le couloir. Une participante se confie : « Je ne m’y retrouve plus dans notre projet. Je n’arrive pas à l’expliquer ». Les animateurs interviennent, Philippe Gargov apporte conseils avertis et réconfort tandis que Julien Meyrignac rebooste les équipes.

Près d’une cinquantaine de tweets et de posts Facebook, relayés et commentés en pleine nuit.

 

9h30. Dernière ligne droite. Pendant que certains en profitent pour se reposer avant le grand oral, d’autres se ruent vers le traceur et l’imprimante. « L’impression est longue, on n’aura jamais fini à temps ! ». D’autres finalisent leurs projets sur AutoCad ou Illustrator au son des « plus que 10 minutes ! » des organisateurs.

 

10h. L’heure du grand oral. Les 60 élèves se réunissent dans l’amphithéâtre. Les groupes présentent tour à tour leurs projets devant le jury[2] présidé par Benoist Apparu.

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5 prix décernés et des idées à foison

Samedi 27 février 2016 à 15h, dans les salons de l’Hôtel de Ville, Benoist Apparu a annoncé la couleur sur son compte Twitter :

Il le dit aux concurrents : « Dans chacun de vos projets il y a une pépite qu’il faudra mettre en œuvre sur Châlons-en-Champagne ».

 

Et il annonce le palmarès :

2 mentions spéciales :

  • Equipe A-Châlons-D(Pierre-Emmanuel Chollet, Ada Kerserho, Antoine Magnon, Marion Cousin, Laurianne Wach) : un projet de « Foire-Off », visant à tirer profit de la Foire de Châlons en transformant le centre-ville en lieu d’expérimentation agricole en milieu urbain ;
  • Algorythme Urbain(Romain Dillenseger, Gauthier Froger, Juliette Jego, Ophélie Petit, Renaud Cherqui) : un projet de ré-enchantement du centre-ville à l’aide de nouveaux parcours piétons et d’installations urbaines et performances artistiques.

3 projets primés :

  • Equipe Up Châlons+Usages (Martin Droziere, Vincent Poilleux, Rachel Tassot, Marieke Verbrugghe, Sonia Woelffin), deuxième prix mention Créativité : une stratégie de valorisation paysagère du centre-ville par une mise en scène de trois identités spécifiques (île naturelle, île circassienne, île du centre), et la création d’un point de vue par l’installation d’une montgolfière dans le parc des Jards.
  • Equipe Open City (Alexandre Avril, Edgar Brault, Ky-Anne Dalix, Camille Gerhard, Pierre-Marie Langlois), deuxième prix mention Economie : un projet « Châlons Blossom » visant à revitaliser le quartier Saint-Dominique par son éclosion grâce à de nouvelles liaisons avec la rue de la Marne et la création d’une nouvelle identité urbaine.
  • Le 1er prix du jury a été attribué à l’équipe « Châlons-y Gaiement » (Elodie Letournay, Eva Jouillat, Léa Delmas, Milan Bonté, Emilienne Bricchi-Duhemn, Fanny Cottet), un projet de marché flottant modulable sur les berges du Grand Jard qui permette à court terme de mieux relier les Jards au centre historique et dynamiser l’activité commerciale à l’aide d’un parcours facilement identifiable du centre-ville au Jards ; et à plus long terme d’asseoir cette identité sur une monnaie locale afin de favoriser les échanges à petite échelle et apporter une dimension humaine et durable à l’économie locale ». Barcelone et Bâle l’ont fait. Pourquoi pas Châlons ?

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Succès sans réserve

Implication, curiosité, effervescence, créativité, professionnalisme….  A l’heure du bilan, une expérience rare, qui a permis à Citadia, ses partenaires et la Ville d’entrapercevoir un centre-ville collaboratif, modulaire, végétalisé et connecté, à l’image de la génération qui a conçu les projets.

Autant de projets qui permettront d’alimenter le plan d’actions, deuxième grande étape de l’étude. Plus largement, la promotion de l’événement et son emprise visible dans la ville ont créé une dynamique locale forte autour de l’avenir du centre-ville. Un important engouement populaire autour de la mission réalisée par Citadia, guidée plus que jamais par l’exigence d’un projet innovant mais réaliste, contextuel et partagé.

 

Ils parlent du hackathon :

France 3 Champagne Ardenne – « Un hackathon pour réinventer le centre-ville de Châlons »
http://france3-regions.francetvinfo.fr/champagne-ardenne/marne/chalons-en-champagne/un-hackathon-pour-reinventer-le-centre-ville-de-chalons-934915.html

L’Hebdo du Vendredi – « 60 étudiants missionnés pour réinventer Châlons ».
http://www.lhebdoduvendredi.com/article/24156/60_etudiants_missionnes_pour_reinventer_chalons

L’Union – « Châlons : Grands projets et idées folles pour réinventer la ville »
http://www.lunion.fr/673402/article/2016-03-02/chalons-grands-projets-et-idees-folles-pour-reinventer-la-ville

 

 

 

[1] Instituts d’Urbanisme de Paris, de la Sorbonne, d’Aix-en-Provence, de Lyon, de Reims, Géoarchitecture de Brest, Ecoles Nationales d’Architecture de la Villette, de Val de Seine, Ecoles Nationales du Paysage de Versailles, de Blois, HEC, Sciences-Po Paris, Ecoles d’Ingénieurs Arts et Métiers de Châlons, EPF Troyes, INSA de Strasbourg,…

[2] Benoist Apparu,  René Doucet (Vice Président de la Communauté d’Agglomération de Châlons-en-Champagne), Jean-Louis Devaux (Adjoint à l’urbanisme de la Ville de Châlons), Ludovic Chassigneux (Adjoint au commerce et au centre-ville de Châlons), Philippe Chanal (DGS), Laïla Jrondi (Chef de projet de la redynamisation du centre-ville), Nora Hachache (Journaliste à Traits Urbains), Alain Renk (Architecte urbaniste fondateur d’UFO), Pauline Marchetti (Associée de Jacques Ferrier, co-fondatrice du  Sensual City Studio), Vincent Mathieu (Responsable ADIM Est, Vinci Construction), Alain Marjolet (Directeur Général de la RIC), Julien Meyrignac (Citadia) et Philippe Gargov (Pop Up Urbain).