Les Journées Mondiales de l’Urbanisme ont eu lieu du 03 au 05 novembre à Paris. La manifestation portée par la SFU, l’ECTP et le Ministère s’intitule « 100 ans d’urbanisme, le défi des transitions urbaines ». L’événement est une opportunité unique en France de célébrer l’urbanisme et de réunir professionnels de la profession.

Organiser, ça s’organise

L’événement a réuni une petite centaine de personnes le 03 novembre, journée-clé de l’événement, dont un quart d’étudiants de Paris-Sorbonne (participants de l’organisation, avaient-ils réellement le choix ?). Deux options possibles : une épidémie rare, ne touchant que les urbanistes, a provoqué une absence massive, seconde option, les urbanistes français ont boudé l’événement.

Le cadre prestigieux (Conseil Economique Social et Environnemental place Iéna) peine cependant à masquer un évident défaut d’organisation: trop peu (ou pas) de communication en amont, (pas de téléphone pour un renseignement, pas de réponse aux mails…), pas de signalétique sur place, un déjeuner cher (27 €) pour un sandwich, une salade et une salade de fruit à apprécier sur les marches du panthéon de l’économie, du social et de l’environnement français…

Fit de tout ça, mais au fond ?

« 100 ans d’urbanisme » c’est avant tout un regard sur le passé. Classique. Oubliez les champs prospectifs ou de réflexion sur un quelconque avenir de l’urbanisme en France : l’avenir est dans l’histoire. Les conférences, aux Power Point insipides, nous ont invités à des constats simplistes d’un « monde fou », oubliant ses origines sur fond de 11 Septembre et Fukushima (si, si) Un cours d’économie digne d’une terminale ES sur un rythme d’un bon vieux 33 tours. Mais ne soyons pas cynique : peut-être que beaucoup d’entre nous ignoraient ces événements. Peut être que cette vision de crise urbaine n’a jamais été perçue par le monde de l’urbanisme français et qu’il était noble de les rappeler. De « l’inutile politique générale » comme me soufflait un fonctionnaire du ministère de la recherche.

Le médiatique Edgar Morin est venu du haut de son grand âge nous exprimer sa vision d’un positivisme « post apocalyptique ». L’urbanisme expliqué aux professionnels par un sociologue usé… Pourquoi pas ? … Parce que pas.

Le principal temps fort sera l’intervention Nthato Minyuku-Gobodo, secrétaire générale de l’association des urbanistes d’Afrique du Sud et vice présidente de l’institut d’Urbanisme de l’Afrique du Sud, venue illuminer l’audience en exposant avec énergie le cas passionnant de Johannesburg aux urbanistes français. Mais l’exposé est resté sans réponse, au grand regret de cette jeune intervenante qui ne s’était pas déplacée de quelques milliers de kilomètres pour un exposé universitaire et repartir avec une bonne note. « Pourquoi sommes-nous si peu ? En Afrique du Sud ce serait un meeting d’urbanistes, pas un événement national ! » m’a-t-elle confiée, déçue.

On nous avait également promis une exposition. « 100 ans d’urbanisme » c’est une vingtaine de kakemonos suspendus proposant des dates clés et des portraits. Une leçon d’introduction à un cours d’urbanisme bac+1. Décevant et inutile. Non pas que nous connaissons, mais on devait faire beaucoup plus pour représenter 100 ans d’urbanisme, ne pas limiter une « expo sur l’urbanisme » à un tel format et encore moins s’arrêter aux têtes bien faites de l’histoire.

Ces journées mondiales de l’urbanisme laissent un gout amer. L’urbanisme représente tellement plus que des cartes, des plans, des concours et une soixantaine d’individus, forts sympathiques, en rassemblant des réflexions au cœur du débat de nos civilisations, du social au culturel, de l’économie à la philosophie. Ignorer ces courants et dynamiques est un affront aux professionnels de ce métier.

Les Journées Mondiales de l’Urbanisme 2011 n’ont pas parié sur l’avenir et ont ruminé le fantasme d’un « ordre des urbanistes » ou les désœuvrés pourront satisfaire leur soif de pouvoir et de reconnaissance.